"D'eau et de lumière" 2ème corpus
Après l'exposition de Bélesta, photos inédites
Du 4 au 29 octobre 2024 à EUS
Deux espaces :
Galerie de la Font
Un Xic de tot
un fil rouge vous guidera d'un lieu à l'autre
Les Temps forts de l'exposition
Dimanche 6 octobre "Un Xic de Tot" 17h
Visite accompagnée par Brigitte Fort
Vernissage à partir de 18h.
Dimanche 13 octobre, "Un Xic de Tot" 18h
Hommage à l'écrivain et poète
Bernard Blanc,
lectures de textes et présentation du livre Miroir Mirages.
Samedi 19 et dimanche 20 octobre galerie de la Font l'après-midi
L'écrivain Patrice Teisseire-Dufour présentera le livre En Eaux Passagères écrit à partir des photographies de Brigitte Fort sur la Montagne Noire.
Discussions et lectures de textes au fur et à mesure des rencontres avec les visiteurs.
Quelques éléments biographiques.
Après une vie familiale et professionnelle dense, de la bergère à la photographe d’illustration en passant par l’éducation nationale, l’enseignement agricole et l’ingénierie de projet, Brigitte Fort a fait de sa passion, la photographie, un art de vivre. Formée très jeune à l’argentique et au noir et blanc (20 ans de laboratoire professionnel et d’agence) elle adopte le numérique comme une libération technique et s’oriente définitivement vers la création artistique. La couleur, le mouvement et la lumière de l’eau, de la mer d’abord puis des torrents de montagne, la guide dans ses créations aquatiques purement photographiques et cependant très proches de la peinture.
Quelques expositions en galeries, à Paris, Perpignan et les Pyrénées Orientales ou dans les Musées du sud-ouest, ainsi que plusieurs expériences de création en équipe de spectacles vivants à partir de ses photographies, lui ont permis de rencontrer un public professionnel ou amateur sensible à l’originalité poétique de ses images.
Ses reportages sur la Route de Fer dans le Massif du Canigou sont conservés aux Archives de Perpignan pour le Conservatoire de la Mémoire et une cinquantaine de ses photographies sur les sources du Canal du Midi (travail d’un an en résidence) ont été acquise par la Région Occitanie pour le fonds d’œuvres d’art du Réservoir.
D’abord en Provence, puis dans les Pyrénées-Orientales et la Drôme, Brigitte Fort vit actuellement en Ariège.
Introduction à l’exposition de photographies de Brigitte Fort
Avec « D’eau et de Lumière », Brigitte Fort s’engage entre 2022 et 2023 dans un parcours d’exploration de la nature et donne à voir une expérience artistique loin des usages documentaires de la photographie.
Dans le prolongement de ses réflexions sur la place de la création dans un monde qui change, sur le nouveau statut des images, Brigitte Fort tout en restant fidèle aux lois du genre aborde la photographie comme la peinture, la transformant en art, avec une ambition affichée, celle de percevoir, sentir pour montrer une parcelle de nature avec toute la part d’incertitude qui résulte d’une confrontation avec le sujet.
Une démarche inattendue dans le cadre exclusif des rivières des Pyrénées et de l’Ariège en particulier où elle vit. Là, dans l’eau vive, arc-boutée elle provoque l’expérience, « en chasse », dans ses bottes, en équilibre instable sur le fond caillouteux du torrent.
Devant la page blanche du cours d’eau, un sujet est là, l’objet photographique en devenir.
À ce stade, les acquis d’une longue pratique de la photographie s’effacent progressivement pour laisser la place à un acte de création régénéré qui part à la recherche de l’insaisissable. Des éléments liés à la trajectoire personnelle interviennent : la résilience, la recherche de la solitude, puis l’isolement comme un moyen de rester connectée avec le milieu ambiant.
Les conditions sont réunies. Alors que l’œil ne suit plus le flux du torrent, l’objectif en scrute la surface, la main l’immobilise mue par une sorte d’instinct. Débarrassé des impérieux réglages et des mises au point qu’autorise l’usage du numérique, un focus isole des phénomènes optiques qu’offre la réfraction de la lumière dans l’eau, une sorte de « déformation créatrice » emportant avec elle toutes tentatives de figuration dans la dissolution de la ressemblance.
Tout ce qui parsème le fond du lit de la rivière est patiemment extrait de son contexte afin de proposer une nouvelle image jusque-là inconnue, parcelle infime de la réalité modifiée par l’effet miroir de la surface et par un changement d’échelle. Les limites de ce monde invisible sont sans cesse repoussées à chaque incursion afin que l’œil explore les multiples possibilités d’un monde imaginaire, infini, peuplé de « créatures », qu’entretient un dialogue intérieur avec l’expérience de création.
La référence à la peinture convoquée par la mémoire et les souvenirs est une source indirecte d’inspiration.
L’artiste derrière l’objectif se laissant aller à l’instantanéité de la prise de vue se saisit de la couleur comme élément de composition se dispensant de la ligne pour structurer un espace sans profondeur, ni perspective. La photographie est un champ clos où les bleus, violets, carmins, ors exubérants se combinent en une palette aux nuances inépuisables, nourries d’un feu sous-jacent comme autant de tâches vibrantes que seule la nature est à même de proposer et d’organiser. Si la peinture est imitation de la nature, l’art de Brigitte Fort s’efface devant elle pour témoigner de ses plus brillantes compositions. Il en résulte une forme d’abstraction fondamentalement expressive en tant que vecteur d’une vie non-organique et délicieusement impressionniste dans le chaos de la couleur.
Brigitte Fort accueille le hasard, l’accident qui fera basculer le simple ruisseau vers une nouvelle réalité que le tirage papier rend enfin concrète. L’artiste opte pour une photographie non recadrée car c’est encore une fois, en convoquant la peinture qu’elle trouve une dernière inspiration pour composer une image qui, dans sa frontalité s’offre comme un tableau.
Marie-Hélène Solère-Sangla – 20 décembre 2023.
Un artiste d’Eus : Alain Jacob
C’est Alain Jacob, peintre vivant à Eus, qui a signé l’affiche 2024
du Festival. Il s’est inspiré des préceptes de l’art concret une école fondée dans les années 30 par Théo Van Doesbourg, fondateur de la revue de Stijl. « Cette affiche est une
déclinaison de ma peinture, des formes simples géométriques, en aplats. Je cherchais avant tout la lisibilité et l’efficacité avec ces formes simples. »
Alain Jacob a choisi la typo dite « gill » créée par le graphiste Éric Gill en 1928 pour les chemins de fer anglais. Il a inscrit seulement le titre Croisées
d’art et la date dans un carré. « Tout est en gras pour l’unité qui renforce la lisibilité». Il a placé une flèche blanche directionnelle qui amène directement le regard sur le mot Eus inscrit
dans un cercle. « J’ai choisi un décor très simplifié, des couleurs franches et efficaces pour aller dans le sens de la clarté absolue prônée par l’art concret. »
Bénéficiant d’une belle météo, 35 exposants se sont retrouvés dans divers lieux du village, galeries éphémères chez les habitants. La sélection officielle présentait 18 artistes dans toutes disciplines, auxquels s’ajoutaient ceux du Off et les artistes du village.
Un très nombreux public, averti ou simplement amateur a pu apprécier peintures, photos, sculptures et gravures ; rencontrer les artistes heureux de présenter leur travail, d’expliquer leurs techniques et partager des moments de convivialités à la buvette de l’association, dans les divers lieux de restauration du village, tout ce qui fait l’ADN de ce festival d’art ou chacun vient et revient faire « son marché d’art ».
Dans le village...
Les habitants devenus galeristes le temps du festival, ouvrent leurs portes, accueillent exposants et visiteurs heureux de cette découverte intime d’Eus.
Le village d’Eus devient galerie
Les artistes sélectionnés
Pour aller plus loin dans la découverte des artistes, consultez leurs sites.
Agustin Julian Blacha : https://www.saatchiart.com/blacha Pierre Charpentier : https://www.instagram.com/pier_charpentier/
Philip Emilie Dumas : https://emiliedumaspeinture.com/ Millan Garayalde : http://millangarayalde.com/
Bernard Gout : http://bernardgout.fr/ Jean Hellemans https://www.facebook.com/profile.php?id=100053256801753
Catherine Maucourt : https://catherinemaucourt.wixsite.com/cmwix Jean Milon : https://www.leventseleve7.fr/jean-milon.html
Claudine Picard : http://claudinepicardpeintre.fr/ Patricia Pons Engels : http://www.engelspons.wixsite.com/engels-pons
Strenger Anne : https://www.instagram.com/Strenger Myrtille Visscher : http://www.myrtillevisscher.com/
Extra muros... Un hiver dans la serre : la pépinière Baches.
Hélène Saudecerre accueillie en résidence d'artiste à la pépinière de Bénédicte er Michel Baches a exposé ses peintures en immersion dans le lieu de création. Magnifique!
Bénédicte et Michel Baches accueillent …
Mandariniers, Orangers, Citronniers, arbres à Pamplemousses, à Cédrats, par centaines et plus, Bénédicte et Michel Bachès entretiennent au pied d’Eus une fabuleuse collection de ces arbres. Ils ne cessent d’en créer par hybridation, croisements, pollinisation, bouturages. Agrumes aux feuillages drus et immortels, aux fruits nourriciers aux couleurs intenses, aux fleurs généreuses et aux sucs réjouissants.
Pour cette installation, Bénédicte Bachès a assuré avec enthousiasme et détermination le « coaching » de cette aventure pendant que Michel déployait son immense savoir-faire pour créer l’écrin destiné à accueillir les peintures d’Hélène. L’émotion ressentie par le public a permis de prendre conscience du chemin parcouru : un effet d’amplification, de distorsions qui engage le regard à cheminer, le corps à ressentir. Les peintures présentées dans ce jardin d’hiver éphémère produisent paysage. Dans ce monde clos, maitrisé avec grande exigence, l’enchantement a opéré.
Hélène Saudecerre
« Une telle proximité m’a permis d’échapper à une certaine fixité, d’entrer plus directement dans la matière, toucher du doigt, ressentir le gras, le lisse. Je capte des vibrations, des respirations, Tout se joue rapidement dans le geste. J’arpente la serre foisonnante, je prends possession d’un élément qui m’interpelle, la courbure d’une branche, la couleur d’un fruit, le panaché d’un feuillage. Je pose mon choix, je l’assume dans l’orangeraie, j’entre dans les rapports directs de distances, de valorisation de luminosité, dans les transitions entre absttraction et figuration, au cœur de la collection d’agrumes. Le végétal lui-même devient mon outil, ma palette. C’est sur cela que j’espère favoriser une valorisation des regards à travers le travail conjoint de la nature et du jardinier puis retranscrit à travers le travail de la peinture. Cette collection arboricole incarne beaucoup d’attention, de passion, de fine et patiente observation. Tout y vibre d’une intensité puissante. Une amitié s’est créée qui n’était pas donnée d’emblée.
Ils ont pratiqué l’art de partager leur savoir inouï ».
Recueilli par Gérard Mayen